Comment rendre nos villes plus créatives? La tendance est à la réinvention de la ville actuelle avec comme dessein un lieu de vie plus convivial, plus propice au développement personnel de l’individu, favorisant l’appartenance à une identité urbaine tout en maintenant un statut durable, conscient des problématiques environnementales. La ville peut ainsi devenir le théâtre de créativité et d'innovations afin de répondre à ces différents objectifs.
Dans le contexte d’une société internationale qui devient de plus en plus citadine, les réflexions se portent progressivement vers une amélioration de la vie en ville autour de thématiques devenues maintenant contemporaines : le confort, l’épanouissement personnel et l’environnement.
En effet, la tendance est à la réinvention de la ville actuelle avec comme dessein un lieu de vie plus convivial, plus propice au développement personnel de l’individu, qui favorise l’appartenance à une identité urbaine tout en maintenant un statut durable et conscient des problématiques environnementales.
On supporte de moins en moins un espace urbain grisâtre, sans âme et sans personnalité envers lequel ses propres habitants n’ont que très peu d’affection et y évoluent seulement par nécessité professionnelle. Les citadins se sont surtout rendu compte que la ville n’était pas foncièrement obligée d’être uniquement représentée par ses désavantages les plus régulièrement montrés du doigt : surpopulation, pollution sonore, respiratoire, et visuelle, stress, prix élevés, insécurité etc…La ville peut également être le théâtre d’innovations et de créativité afin de répondre à ces problématiques tout en dessinant un lieu de vie plus agréable à côtoyer au quotidien.
Concertation Citoyenne : la créativité collective, première pierre de la ville participative
Les habitants désirent fréquemment être plus impliqués dans les décisions communales ce qui répond à une certaine logique dans la mesure où il s’agit des premiers concernés et affectés par les changements ayant lieu au niveau des quartiers qu’ils fréquentent. La concertation citoyenne n’est pas un nouvel outil tant il a déjà été utilisé à maintes reprises dans de nombreuses villes à travers le monde. Il permet de donner la parole aux habitants trop souvent écartés des décisions dont ils seraient pourtant les premiers à profiter ou à pâtir.
Ce processus démocratique est longtemps resté poussif, l’implication des citadins n’entraînant pas de réels impacts dans les décisions du fait de problématiques mal ciblées ou de la mauvaise mise en place du canal d’interaction habitant/décisionnaire. Cependant, aujourd’hui, les choses commencent à aller de l’avant, la concertation citoyenne prenant de nouvelles formes notamment en empruntant l’axe de la créativité.
Nous pouvons nous pencher, par exemple, sur le processus participatif orchestré par Bouygues Immobilier à Marseille. Ces derniers ont repris l’outil de concertation usuel qu’ils ont alors appliqué à l’échelle d’un immeuble. Les futurs usagers étaient ainsi invités à exprimer ce qu’ils attendaient du bâtiment dans lequel ils souhaitaient vivre autour d’une question pivot : quelle serait la résidence de vos rêves ? Les différents avis, désirs, idées créatives étaient réunies sur une plateforme numérique. Les sujets étaient variés et abordaient les thématiques de la vie quotidienne, des équipements fournis avec l’immeuble ou des services disponibles tout cela en relation avec la problématique financière liée à tous ces usages et les limites fixées par les futurs habitants. La plateforme encourageait également la formulation de propositions par les futurs usagers qui requéraient une dynamique d’adhésion pour être concrètement réalisées.
Ce type de processus participatif permet de réellement répondre aux besoins des citadins. L’avantage d’un sujet aussi spécifique qu’un immeuble, et de surcroît imaginé par une population qui va véritablement l’habiter, réside dans l’aspect chirurgical des décisions qui vont être prises. Tout le monde se sent concerné et les problématiques sont actuelles, concrètes et parlent à tous les acteurs (promoteur et usagers). De ce fait, l’épanouissement et le confort de vie des habitants sera fortement favorisé.
La Ville Créative: miser sur le secteur de la culture pour rendre les villes plus humaines
Les villes ont par la suite très vite compris que pour booster leur attractivité, il fallait qu’elles deviennent des catalyseurs de créativité afin de repenser ce modèle urbain vieillissant, en misant notamment sur la culture. Ces créateurs ou acteurs moteur d’innovation sont ainsi de plus en plus courtisés par les politiques locales afin d’initier des projets urbains vecteurs de liens sociaux, permettant de renforcer l’identité d’un lieu et de ses habitants et d’attirer de nouveaux touristes. C’est en ce sens que l’UNESCO a lancé en 2004 son Réseau des villes créatives (RVCU) pour “promouvoir la coopération avec et entre les villes ayant identifié la créativité comme un facteur stratégique du développement urbain durable”. 246 villes qui font actuellement partie de ce réseau travaillent collectivement pour “placer la créativité et les industries culturelles au cœur de leur plan de développement au niveau local et coopérer activement au niveau international”.
A Berlin, par exemple, la culture et les entreprises liées à ce secteur d’activité sont considérées comme des sources de richesses avec chiffres d’affaires, bénéfices et emplois associés plutôt qu’un gouffre de dépenses financières. A Birmingham, le réaménagement des anciennes usines métallurgiques, vestige de l’âge d’or industriel anglais du début du XXème siècle, réfléchit à y faire intervenir des activités créatives ou en faire des lieux d’équipements culturels. La ville de Lyon souhaite développer sa renommée mondiale en dynamisant de nouvelles pratiques artistiques ou en organisant des évènements culturels de dimension internationale. De plus, la métropole a également la volonté de faire intervenir les créateurs en amont des futurs projets urbains concernant les différents quartiers de la ville. Montréal va encore plus loin en donnant la chance aux créateurs d’être directement intégrés au processus de planification urbaine afin de redévelopper un quartier autour de leurs initiatives. Enfin, le branding peut être une nouvelle manière de considérer la ville comme étant une marque ayant une identité propre qui la distingue de ses homologues. Lausanne a parié sur ce cheval pour se construire une image à visibilité internationale lui donnant des airs de cité culturellement influente.
Ces initiatives ont pour vocation de redessiner une ville physiquement mais également dans les esprits. L’esthétique joue un rôle pivot dans la planification et le réaménagement urbains tandis que le branding, les stratégies d’aménagement territoriaux, le culturel et l’évènementiel achèvent de réinventer une métropole en lui donnant une nouvelle image supposément motrice d’attractivité. Un objectif parallèle est de pouvoir surprendre le citadin même, faire de lui un touriste dans sa propre ville qui mute, s’adapte et prend en main les enjeux socio-environnementaux actuels.
La Ville Intelligente ou Smart City: la créativité au service de l’innovation urbaine
Petite sœur de la ville créative, la smart city va plus loin dans le processus d’innovation au service de la ville de demain. Se reposant sur le tryptique socio-économique-environnemental, elle met en priorité le confort des habitants et la préservation de l’environnement tout en s’assurant que les initiatives soient économiquement viables. La durabilité est au cœur de cette manière de penser et aucune strate des métropoles n’est mise de côté. Véritable effet de mode depuis maintenant 5 ans, la smart city a le vent en poupe dans la mesure où elle peut faire intervenir une plus grande majorité d’acteurs qui visent à rendre la vie urbaine plus agréable et respectueuse de l’environnement, ces deux aspects pouvant parfois être intrinsèquement liés.
La ville est ainsi déclinée en un réseau de systèmes structurés qui en constituent ainsi les rouages sur lesquels les acteurs moteurs de créativité peuvent agir en gardant en ligne de mire le tryptique mentionné ci-dessus.
La mobilité et les bâtiments sont, par exemple, les secteurs les plus énergivores au sein des villes. Qui dit énergivore aujourd’hui, dit impact sur l’environnement et c’est pour cela que les deux dernières décennies ont vu arriver l’émergence de nombreuses innovations stimulées par le désir de réduire ce dernier. C’est dans cette optique qu’on a vu progressivement se développer, dans un premier temps, l’offre des transports en commun dans les métropoles. Cette initiative a ensuite été suivie par les alternatives à la mobilité fossile telles que les voitures électriques, les trottinettes électriques et les vélos. Les moyens de transports et les manières de se déplacer ne cessent ainsi de se diversifier et de se populariser, les citadins ayant compris l’intérêt environnemental de ces solutions qui ont également le mérite de ne pas mettre en péril leur confort.
Cela peut aussi être caractérisé par les initiatives favorables au retour de la nature en ville. D’un côté, réduire la place du béton en milieu urbain en créant des espaces verts balisant ponctuellement la métropole, des espaces inutilisés qui peuvent alors être fleuris et verdis afin de développer une convivialité au sein du quartier et d’améliorer la qualité de son air. D’un autre côté, utiliser ces espaces non exploités pour y implémenter une agriculture urbaine (sur les toits, dans les stations de métro abandonnées etc…) afin de fournir en produits locaux les habitants de la ville et favoriser la résilience de cette dernière.
Si l’on se repenche sur les bâtiments, l’aspect énergivore de ces derniers réside principalement dans le chauffage et l’éclairage. Les innovations et différents projets ont montré qu’il était viable de chauffer un quartier -partiellement ou entièrement- avec des sources d’énergie renouvelable, telles que la biomasse, la géothermie ou le solaire thermique, ou de récupération (chaleur sur eaux usées, data centers, incinération de déchets, usines) réduisant ainsi l’influence des sources d’énergies fossiles (gaz, charbon, fuel) usuellement utilisées.
Et ces exemples sur la mobilité et les bâtiments ne constituent que la partie émergée de l’iceberg qu’est le potentiel des initiatives relatives à la smart city. Il a été délibérément décidé de mettre l’accent sur l’énergie telle une fenêtre ouverte sur l’étendue des possibilités, mais les innovations peuvent concerner tellement plus qu’il faudrait une centaine de pages supplémentaires pour en présenter une solide introduction.
La dynamisation territoriale peut être concernée notamment via l’urbanisme transitoire qui propose de revaloriser un lieu, espace ou un bâtiment inutilisé ou à l’abandon pour développer un nouvel usage culturel qui peut rendre à un quartier son attractivité d’antan.
Et au risque de nous répéter, nous ne faisons que toucher du doigt ce qui a été réalisé à ce jour et ce qui le sera dans un futur proche. La créativité pour les villes de demain, c’est utiliser les différents potentiels de la métropole en question pour en tirer de nouveaux usages et applications permettant de répondre au tryptique de la smart city. Ces projets peuvent être initiés ou encouragés par les décideurs locaux ou bien par des acteurs privés, le but étant que ces deux partis puissent évoluer main dans la main afin de faire bouger les choses.
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